Située sur l’île de Honshu, un peu à l’est de Tokyo, la préfecture de Shizuoka offre beaucoup à voir. Péninsule d’Izu, lac Hamana, Alpes japonaises… La région montagneuse possède son lot de paysages à couper le souffle. C’est aussi à Shizuoka que se trouve le célèbre mont Fuji, en vérité à cheval entre cette préfecture et celle de Yamanashi.

Les Alpes japonaises constituent l’ensemble de reliefs le plus important du Japon, avec des sommets culminant à plus de 3 000m d’altitude. Ce sont là les conditions idéales pour la culture du thé, dont certains « jardins » recouvrent des pans entiers de montagne. Grâce à ce climat particulier qui fait sa qualité, le thé de Shizuoka est particulièrement réputé dans l’archipel.
Au printemps est récolté le shin-cha, ou « nouveau thé ». Aussi appelé ichiban-cha ou « premier thé »,  il s’agit en fait de la 1ère récole des jeunes feuilles. Cette dernière s’effectue entre début avril et début mai, donnant un thé assez léger et délicat. On effectue en général 2 à 3 cueillettes sur un même arbre, mais certains peuvent être récoltés jusqu’à 5 fois.

À visiter

Les paysages de la région ont par ailleurs inspiré nombre d’artistes pour leurs œuvres, notamment des estampes. On peut retrouver une grande quantité d’entre elles au Museum d’art de Shizuoka. Une majorité d’entre elles datent du 17e siècle et ont été réalisées par des artistes de la célèbre école Kano. Fondée au 15e siècle, c’est l’une des écoles de peinture japonaise les plus célèbres. Elle est pionnière dans l’assimilation et le développement de plusieurs techniques, notamment la peinture au lavis importée de Chine. Sa forme de peinture la plus connue reste néanmoins les grandes œuvres colorées à fond doré réalisées sur paravents ou cloisons. Celles-ci étaient principalement destinées aux demeures seigneuriales, à une époque où les samouraïs s’enrichissaient grâce aux conflits internes.


Kanō Eitoku. Paravent aux lions, fin 16e/déb.17e siècle, Musée des collections impériales

Shizuoka étant située à mi-chemin entre les plus grands centres culturels historiques de l’archipel, la préfecture a surtout profité du rayonnement économique et culturel de Tokyo/Edo. Plusieurs châteaux, parcs, sanctuaires et temples ont poussé dans la région au cours des siècles. L’un des grands sanctuaires de la préfecture, le Fujisan Hongū Sengen-taisha, est par ailleurs propriétaire d’une partie du mont Fuji ! En effet, les terrains situés entre la 8e étape et le sommet du volcan sont considérés comme la propriété du temple, et donc sacrés.
Parmi ses attractions touristiques, Shizuoka compte également la ligne de chemin de fer Oigawa. Longeant le sud des Alpes japonaises, elle permet de découvrir les paysages de la région à bord d’anciens trains à vapeur toujours en activité.

Cuisine locale

Enfin, que serait la préfecture sans ses spécialités locales ! Le lac Hamana, l’un des plus grands du Japon, permet la culture et l’élevage de plusieurs d’entre elles : anguilles, algues nori, huîtres mais aussi tortues !
La trionyx de Chine (ou tortue à carapace molle de Chine) était un met particulièrement apprécié à l’époque d’Edo, et répandu dans toute l’Asie de l’Est. Elle est le plus souvent consommée en soupe ou en nabé (une forme de pot-au-feu), traditionnellement pour ses vertus médicinales. L’espèce reste cependant menacée dans toute l’Asie de l’Est, malgré les élevages.
Shizuoka est aussi reconnue pour son oden, plat que l’on pourrait situer entre le ragoût et le pot-au-feu, ainsi que ses gyoza. C’est cependant le sujet d’un vrai tir à la corde entre la ville de Shizuoka et celle d’Utsunomiya (pref. Tochigi). Toutes deux se disputent le titre de « ville des gyoza » !

Nota bene

Connaissez-vous la différence entre sanctuaire et temple au Japon ?
On parle de temple (tera en japonais) quand il s’agit d’un lieu bouddhique, où sont généralement vénérés des bouddhas (car oui, il n’existe pas qu’un seul bouddha) ou autres divinités liées au panthéon associé.
On parle en revanche de sanctuaire (miya ou jinja en japonais) pour un espace lié au shintoïsme, où l’on révère les kami.
Bien que le bouddhisme ait été importé au VIe siècle et que le shintoïsme soit indigène au Japon, on retrouve cependant très régulièrement des syncrétismes entre les deux religions.