Quel est le conte traditionnel le plus célèbre en France impliquant des animaux ? Probablement le Petit Chaperon Rouge et son grand méchant loup. Au Japon, le conte traditionnel le plus connu des enfants est sans hésitation Momotarô, le « garçon de la pêche ».

La légende de Momotarô

Comme dans le conte du Coupeur de bambous (ou le conte de la princesse Kaguya, pour les fans de Ghibli), l’histoire débute auprès d’un couple âgé et sans enfants.
Alors qu’elle lavait son linge au bord de la rivière, une vieille femme aperçut une pêche géante qui flottait vers elle. Du fruit sortit un petit garçon, envoyé par les cieux pour devenir l’enfant du couple. C’est Momotarô, le garçon de la pêche.
Tandis qu’il développe une force surhumaine en grandissant, Momotarô se fait remarquer par le seigneur de la région qui décide de l’envoyer chasser les démons d’Onigashima (litt. « l’île des démons »). En chemin, l’adolescent se lie d’amitié avec un chien, un singe et un faisan. Grâce à leur aide, il parvient à vaincre les démons de l’île et renverser leur chef.

La légende serait née dans la préfecture d’Okayama au Moyen-Âge. D’après celle-ci, Momotaro aurait partagé avec les animaux des kibi-dango, qui sont devenus une des spécialités de la ville.

Tanuki et Kitsune

Cependant les animaux ne sont pas toujours là pour aider les humains. Si vous avez vu le film Pompoko d’Isao Takahata, les termes « tanuki » et « kitsune » vous sont certainement familiers. Le tanuki, aussi appelé « chien viverrin » en français, est un animal endémique de l’Asie de l’Est. Le kitsune quant à lui appartient à la même espèce que notre renard roux européen. On trouve deux sous-espèces au Japon, le renard roux japonais et le renard de Sakhaline.
Ainsi, même si le tanuki et le kitsune sont des animaux bien réels, le folklore japonais leur prête des pouvoirs surnaturels. Le tanuki en particulier est bien connu pour sa capacité à changer de forme. Dans les contes et légendes, ce pouvoir lui sert régulièrement à jouer des tours aux humains.
Souvent représenté au Japon avec un chapeau de paille, une gourde de saké, un ventre rebondi et de grosses testicules, il est considéré comme un symbole de chance. Paradoxalement, l’animal est cependant classé parmi les espèces nuisibles par les autorités japonaises.

Contes de grues

Au sein des animaux emblématiques du Japon, la grue est un symbole fort de chance, de longévité et de fidélité. C’est également un animal très présent dans les contes de l’archipel.
Parmi les légendes les plus connues, difficile de ne pas citer Tsuru no ongaeshi, traduisible par « Conte de la grue reconnaissante ». Un conte très similaire, si ce n’est une version alternative, est celui de Tsuru no nyôbô ou « Conte de l’épouse-grue ».

Dans les deux versions, un jeune paysan découvre un jour une grue en détresse et lui sauve la vie. Le soir même, une jeune femme se présente chez lui et lui annonce qu’elle est désormais son épouse.
Malheureusement le couple est écrasé par la pauvreté. La jeune femme se met alors à confectionner en secret toutes les nuits des étoffes que son mari part vendre à la ville.
Un soir, poussé par la curiosité et inquiet de voir sa femme s’amaigrir, il décide de l’épier malgré l’interdiction tacite. Le jeune homme réalise alors que sa femme n’est autre que la grue qu’il avait secourue, et que l’étoffe est réalisée grâce à son plumage. Découverte, la grue s’envole pour ne jamais revenir.

La dispute entre le singe et le crabe

Beaucoup moins connu en France, le conte du crabe et du singe possède une saveur bien particulière.

Un crabe et un singe, tous deux affamés, se disputaient autour d’un onigiri. Le singe, tentant d’échanger l’onigiri au crabe contre une graine de kaki, finit par manger la boulette de riz sous les yeux de son rival. Il abandonna la graine derrière-lui, qui grandit en un arbre couvert de fruits.

Immédiatement le singe s’y précipite, insensible à la misère du crabe qui ne peut pas y grimper. Il jette alors sur le dos du crustacé un kaki vert, qui le tue presque sur le coup.

Seulement, le crabe était une femelle. Ayant pondu ses oeufs juste avant de mourir, les petits crabes naissent avec la volonté de venger leur mère.
A l’aide d’une châtaigne, d’une bouse de vache, d’une abeille et d’un usu (grand mortier pour battre le mochi), les petits crabes tendent un guet-apens au singe dans sa propre maison. Successivement brûlé par la châtaigne dans l’âtre puis piqué par l’abeille, il glisse sur la bouse de vache à l’extérieur de chez lui avant de mourir, assommé par le mortier qui était posé sur le toit.