L’époque Edo au Japon (1603-1868) est une période de paix et de développement économique et culturel très importante dans l’histoire de l’archipel. Cette époque est souvent qualifiée par abus de langage « d’âge médiéval » japonais. Pourtant, la paix du Japon d’Edo a favorisé un essor important dans deux domaines: le commerce et la cuisine.

Le Tôkaidô, la route de la mer de l’Est

La construction de grands axes à travers toute l’île de Honshû a facilité et encouragé les déplacements de populations. Des grands seigneurs se rendant à la capitale aux marchands, en passant par les pèlerins… Utagawa Hiroshige a immortalisé dans ses célèbres estampes l’une de ces routes les plus connues et ses différentes stations, le Tôkaidô.
Dans le cas des pèlerinages par exemple, les trajets pouvaient représenter plusieurs centaines de kilomètres ! Encore très fréquenté chaque année, le pèlerinage des 88 temples de Shikoku s’étend sur plus de 1400 km. Ces longs déplacements ont donné lieu à l’apparition de nouvelles pratiques comme celle du bentô, souvent transporté à la ceinture et consistant en quelques onigiri.

La cuisine sur les routes

Qui dit voyage, dit pouvoir manger et se reposer en sécurité. En effet à cette époque, les seigneurs des différentes provinces devaient obligatoirement se rendre chaque année à la capitale avec toute leur suite. Le gouvernement avait donc désigné sur tout le territoire des shukubamachi, des auberges qui pouvaient les accueillir convenablement.
C’est donc le long de ces routes qu’ont pu fleurir de nombreux commerces pour abriter les voyageurs. De plus, elles ont facilité la circulation des marchandises. En conséquence ? L’échange et la création de nouvelles habitudes alimentaires à travers les différentes régions.
Le cas du sasazushi est un exemple parlant. Ce type de sushi traditionnellement emballé dans une feuille de bambou aurait vu le jour à la toute fin du 16e siècle. Trois préfectures au Nord de Tôkyô se disputent aujourd’hui son origine ! Selon celle de Nagano, ce sushi aurait été inventé lors du passage d’un grand seigneur dans la région, tandis que les habitants essayaient de lui présenter un repas digne de son rang.

Le thé

Et puis l’époque Edo, c’est également l’avènement de la Voie du thé comme marqueur de rang social. La cérémonie du thé est régie par des règles strictes. La poterie de style raku est ensuite inventée pour l’accompagner, tandis que les cultures de théiers se développent dans plusieurs régions de l’archipel. C’est le cas notamment de la ville de Kakegawa à Shizuoka, qui aujourd’hui encore se spécialise dans la production de thé vert.
D’abord porté par les élites de la société, cet intérêt pour le thé gagne rapidement toutes les couches de la population. Ainsi des salons de thé apparaissent un peu partout y compris le long des routes, où l’on pouvait s’arrêter pour y déguster des wagashi ou pâtisseries traditionnelles. Elles étaient souvent composées de mochi, et de pâtes sucrées de haricots rouges ou blancs. Et oui à l’époque, les parfums chocolat ou vanille n’existaient pas encore au Japon !