Existe-t-il seulement une préfecture japonaise qui ne possède aucun charme ? La préfecture d’Iwate elle, a vu le sien en partie détruit lors de la triple catastrophe de 2011.
Cet article est consacré à la fois à la beauté de cette région du Japon, mais également au témoignage d’une famille de producteurs qui a vécu les conséquences du tsunami. Comment la maison Yagisawa, qui comme tant d’autres avait tout perdu, s’est-elle relevée si brillamment après la catastrophe ?

Le Sanriku, un paysage côtier unique

La préfecture d’Iwate, située au Nord-Est du Japon dans la région du Tohoku, offre aux visiteurs une expérience touristique particulière. Véritable paradis pour les amoureux de la nature, sa côte sauvage et ses célèbres falaises constituent un paysage typique de cette côte nord-est du Japon, appelée « Sanriku ».
L’intérieur des terres n’est pas en reste, avec une multitude de cours d’eau et d’impressionnantes cascades qui parcourent la préfecture. Une partie d’entre-elles sont observables dans le parc national de Towada-Hachimantai. Bien entendu, paysage montagneux et cours d’eau au Japon ne seraient pas complets sans onsen ! Les sources thermales sont présentes en grand nombre à Iwate, et réputées pour leurs vues à couper le souffle.

La préfecture abrite également le célèbre temple Chuson-ji, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui renferme plusieurs trésors culturels tels que le Konjiki-do, un mausolée couvert à la feuille d’or.
C’est cependant bien pour ses paysages uniques que la préfecture d’Iwate est la plus connue au Japon, et pour quelques-unes des prouesses que la nature y a réalisé. Pour ne citer qu’un exemple, si vous en avez l’occasion, faîtes un détour par Morioka pour admirer son Ishiwari-zakura. Ce cerisier quatre fois centenaire pousse dans un bloc de granit fendu en deux, et est bien évidemment classé au Patrimoine Naturel du Japon.

La catastrophe de 2011

La nature est cependant capricieuse, nous le savons. Les vagues du Pacifique venant frapper la côte est de l’archipel peuvent se transformer en murs d’eau monstrueux détruisant tout sur leur passage, si les conditions le leur permettent. Si nous avons surtout tendance à retenir la catastrophe du 11 mars 2011 pour son accident nucléaire de Fukushima, ce sont bien les gigantesques vagues du tsunami qui ont généré le plus de dégâts humains et matériels.
Iwate a fait partie des trois préfectures les plus touchées, avec celles de Miyagi et Fukushima. Au total sur les trois préfectures, plus de 20 000 personnes sont décédées ou portées disparues, emportées par le tsunami.
Côté matériel aussi, les dégâts sont considérables. La vague principale a parcouru plusieurs kilomètres sur l’intérieur des terres, détruisant tout sur son passage. A Iwate, elle a dépassé 8 mètres à plusieurs endroits. Outre les habitations, les infrastructures de santé et même certains abris qui ont été détruits, les champs et zones agricoles près de la côte ont été complètement rasés.

Se relever après la catastrophe

Tout au sud de la préfecture, à une centaine de kilomètres de l’épicentre, se situait la maison Yagisawa et sa zone d’exploitation. Fondée au tout début du 19e siècle, la petite entreprise fabriquait encore ses sauces soja dans le bâtiment d’origine construit en 1807. Comme une grande partie du village, la structure ancienne en bois n’a pas résisté au tsunami.

Tout avait été détruit, installations et productions, excepté un seul échantillon de moromi (la base de fermentation de la sauce soja), par hasard stocké en laboratoire à ce moment-là et miraculeusement rescapé. C’est à partir de ce moromi que la maison Yagisawa a pu ensuite fabriquer sa sauce Kiseki no shoyû, la « sauce soja miraculée ».

Puisque leurs infrastructures étaient complètement détruites, et en attendant la reconstruction de nouveaux bâtiments par la préfecture, la maison Yagisawa a pu compter sur le soutien d’autres producteurs de sauce soja. Grâce au prêt de leurs locaux et de leur matériel, et grâce au moromi retrouvé, cette entreprise vieille de plus de deux siècles n’a pas disparu. Mieux encore, depuis quelques années, la maison Yagisawa a rassemblé plusieurs petites entreprises spécialisées dans les produits fermentés sous la forme d’une coopérative. Avec ses locaux bâtis sur l’ancien emplacement de la fabrique historique, CAMOCY joue aujourd’hui un rôle important dans la reconstruction et la réappropriation de cet espace.

En effet, à l’image de la maison Yagisawa, beaucoup de petits producteurs ont connu des dégâts considérables et n’ont pas tous eu la chance de pouvoir s’en relever. Il ne s’agit pas seulement de relancer l’activité économique, mais également d’aider tous ceux qui sont revenus habiter dans le secteur à renouer avec les souvenirs de leur ville, et lui donner un nouveau visage.

Fidèle à son image, cette institution de la sauce soja continue aujourd’hui de proposer des produits de grande qualité, dans lesquels nous retrouvons certainement un petit arrière-goût de miracle.

Retrouvez bientôt un article complet sur l’histoire de la maison Yagisawa sur notre page Nos Producteurs.