L’île d’Awaji vue par Clotilde

 

Si vous ne connaissez pas encore l’île d’Awaji, retrouvez une introduction à ce lieu unique dans notre article précédent !
L’île est souvent considérée comme la destination idéale pour une courte visite d’une journée dans l’organisation des circuits touristiques classiques entre Kyoto-Osaka-Kobe. J’y réside pourtant depuis 3 mois, et je suis très loin d’avoir fait le tour de tous ses secrets. Ce mois-ci, je vous propose donc de découvrir un peu plus en détails la ville de Sumoto où je réside actuellement.

Un peu d’Histoire…

Sumoto a connu un essor économique majeur à partir du début du 17e siècle, en devenant la ville de résidence de la famille Inada. Vassaux du domaine de Tokushima (actuel ouest de Shikoku), la ville s’est rapidement développée sous leur juridiction jusqu’en 1870, où un incident politique connu sous le nom « d’Incident de Kogo » a renversé le pouvoir en place.
Avec la révolution industrielle japonaise de la deuxième moitié du 19e siècle, la ville de Sumoto s’est largement développée grâce à la production de fil et textiles, et ce jusqu’aux années 1970.
La ville compte aujourd’hui environ 40 000 habitants, et a perdu près d’un quart de sa population depuis les années 1960. Sumoto, et l’île d’Awaji en général, comptent en effet parmi les zones rurales japonaises qui perdent progressivement des habitants, bien que de plus en plus de jeunes foyers s’y installent à la recherche d’un meilleur cadre de vie.

Commerces, restaurants et vie locale

Et il fait bon vivre à Sumoto ! La ville compte un nombre impressionnant de restaurants, cafés, et commerces en tous genres, dont certains sont de véritables institutions et des témoins précieux de l’histoire locale. C’est le cas par exemple de la pâtisserie Nagate Choeido, dont nous vous avons parlé dans un précédent article, mais également d’espaces plus modestes et discrets comme le marché couvert de la ville. Construit dans les années 1960 et autrefois grouillant d’activité, une partie de ses commerces sont aujourd’hui vacants. C’est pourtant dans ce lieu que M. et Mme Tanigawa tiennent leur restaurant d’okonomiyaki, une véritable institution dans le quartier. Mme Tanigawa était professeure d’origami, et pratique encore aujourd’hui son art dans son restaurant : les murs sont couverts de fleurs en papier et de volumes géométriques complexes, accrochés entre tous les posters affichant les menus et leurs prix, typiques des petits restaurants qui nous projettent dans une autre époque.


Origami de camélias et Tsubu-chan, la mascotte du marché couvert

Pour moi, une partie de la force des habitants d’Awaji réside dans leur curiosité et leur envie de partager leur quotidien et leur culture. Le nombre croissants de jeunes travailleurs internationaux s’installant dans l’île favorise également les échanges culturels, et la ville abrite un grand nombre de restaurants dédiés aux cuisines du monde entier.
Au croisement du marché couvert, la petite rue du Retro Komichi a gardé tout son charme depuis la première moitié du 20e siècle, avec ses bâtiments aux façades de bois qui abritent aujourd’hui principalement des petits restaurants. Inspiration françaises et italiennes chez Ethica, ou plateau-repas style washoku chez Ohako ? Il y en a pour tous les goûts !


Repas chez Ohako : nouilles udon au boeuf et tofu frit, omelette dashi tamago et accompagnements

Tourisme local : mes lieux préférés

Sumoto a conservé quelques traces de son passé féodal : les ruines de son château trônent toujours au sommet du mont Mikuma depuis le milieu du 16e siècle, bien que son donjon soit une reproduction datant de 1928. Le lieu a cependant conservé une grande partie de ses murailles d’origine.
Du haut du château et du mont Mikuma, on peut profiter d’une vue sur toute la ville ainsi que sur la baie de Sumoto, la plage d’Ohama.
En remontant de la plage, vous pouvez en profiter pour faire un petit tour au musée de Sumoto dédié à l’histoire d’Awaji, le plus grand de l’île ! Ses collections sont exposées sur trois étages, couvrant l’histoire de l’île depuis l’époque du Jurassique. Awaji est en effet connue au Japon pour ses formations géologiques particulières et ses fossiles. L’île a même abrité une sous-espèce de dinosaure encore inédite au Japon à ce jour : le Yamatosaurus Izanagii.
Le musée présente également des pièces de collection plus « récentes », de l’époque Jômon (fin de l’époque paléolithique) à nos jours. Un étage entier est consacré aux outils et mobilier utilisé par les agriculteurs, pêcheurs et artisans d’Awaji du siècle dernier. Enfin, le dernier étage du musée est consacré aux oeuvres de Jikihara Gyokusei, qui était un maître calligraphe et enseignant de l’Ecole zen Obaku originaire du sud d’Awaji, ainsi qu’à d’autres pièces d’art du 20e siècle.

Vivre à Sumoto : L’expérience du Danjiri Matsuri

A la fin du mois d’avril, un peu partout dans la région du Kansai est célébré le festival connu sous le nom de « danjiri matsuri ». « Danjiri » est le nom donné aux grands chars en bois qui sont tirés en procession à travers les rues de la ville par les habitants. Cette tradition aurait trouvé son origine au 18e siècle à Osaka, qui possède encore aujourd’hui le plus impressionnant des danjiri matsuri : de gigantesques chars sont tirés à toute allure dans les rues par des groupes issus des différents quartiers de la ville.
A Sumoto, l’ambiance était bien plus tranquille ! Après avoir sorti le danjiri vieux d’un siècle de son hangar, nous avons rejoint le sanctuaire shintô de la ville pour préparer la procession avec les chars des autres quartiers ainsi que celui du sanctuaire. C’est le moment idéal pour pique-niquer avec tout le monde, avant de faire monter les enfants dans le char et traverser les rues au rythme de leurs percussions.