Au commencement de tout

L’histoire de l’île d’Awaji est intimement liée à la création du Japon. Selon le Kojiki, le plus ancien document historique relatant l,’histoire du Japon (712 après J.-C.), la terre était autrefois une masse chaotique à la dérive. Les dieux Izanagi et Izanami, envoyés pour mettre de l’ordre, auraient remué cette masse avec une lance divine. La première gouttelette tombée de la pointe de la lance devint Onokorojima, la première île du Japon. C’est là qu’ils érigèrent un palais et donnèrent naissance à l’île fertile d’Awaji.
Les historiens débattent encore de l’emplacement exact d’Onokorojima, bien que l’île de Nushima et son imposant rocher soient des candidats probables. Deux sanctuaires principaux, le sanctuaire d’Onokorojima à Minamiawaji et l’Izanagi Jingû à Taga, sont dédiés à ces divinités de la création.
Le peuple Ama (« peuple de la mer ») fut le premier à prospérer sur l’île. Connu pour ses talents de navigation, il joua un rôle crucial dans les échanges culturels avec le continent, ramenant de nouvelles technologies. Ainsi, dès l’époque Yayoi (environ 800 ans avant J.-C.), Awaji se distinguait déjà par sa cuisine raffinée et son artisanat, notamment dans la métallurgie.


Chemin du sanctuaire Hachiman à flan de montagne, en direction du château de Sumoto.

Arts et artisanat

Awaji est renommée pour ses poteries et céramiques, notamment les tuiles « kawara » à motifs complexes, fabriquées à Minamiawaji. L’île est également le berceau de la fabrication de l’encens au Japon, depuis qu’un morceau de bois parfumé s’est échoué sur ses côtes il y a environ 2500 ans. Aujourd’hui, elle reste le plus grand producteur d’encens du pays.
Le sud de l’île est aussi célèbre pour le Jôruri Ningyô, un théâtre de marionnettes unique où les marionnettes sont manipulées à la main par des marionnettistes entièrement vêtus de noir. Ce savoir-faire, qui requiert des années d’apprentissage, donne vie à des représentations impressionnantes où les plus grandes marionnettes sont manipulées par trois personnes en même temps.

D’autres artisans perpétuent des traditions centenaires. Chez Awabi Ware, la céramique artisanale s’inspire du mouvement Mingei, rendant hommage à une technique vieille de 500 ans. M. Okamoto et son équipe créent des pièces aux couleurs variées, dont un bleu turquoise distinctif appelé “toruko” qui la marque de fabrique de l’atelier.
Le sel marin est une autre spécialité de l’île. M.Suezawa de chez Onokoroshizuku y produit du sel par évaporation en faisant bouillir de l’eau de mer au feu de bois de pin local. Ce procédé long et minutieux, ainsi que sa teneur élevée en calcium qui le rend particulièrement croquant, confèrent au sel une saveur unique appréciée des chefs de la région.


Oignons nouveaux d’Awaji dans une assiette bleu toruko de chez Awabi Ware. Recette par Fujita Shoko (instagram : 24ban_shoko)

Un environnement unique

L’île d’Awaji offre une nature préservée en toute saison. Son relief vallonné culmine à 607 mètres au mont Yuzura, offrant différentes randonnées pour tous les niveaux. L’île abrite une faune variée : tanukis, oiseaux rares, grenouilles et salamandres peuplent les étangs artificiels servant à l’irrigation.
Célèbre pour ses fleurs, Awaji a pour emblème le narcisse. Au printemps, les cerisiers en fleurs constellent les montagnes de l’île, tandis que le parc Awaji HanaSajiki propose aux visiteurs de se promener au milieu des champs de tulipes et de tournesols. Entourée par la mer intérieure de Seto, l’île possède de nombreuses plages propices à la baignade, au paddle et à l’observation de la vie marine. Enfin en été, les plages du sud s’illuminent avec l’arrivée des « umi hotaru », une espèce de petits crustacés bioluminescents.

L’île des gourmets

Awaji était autrefois surnommée « Miketsu no Kuni », fournissant la cour impériale en riz, poissons et gibier. Aujourd’hui encore, l’île conserve cette renommée pour son héritage gastronomique : son poisson fugu par exemple, élevé trois ans au lieu de deux, est réputé pour sa chair d’une finesse exceptionnelle. Le bœuf d’Awaji, marbré et savoureux, est également très prisé.
Les fruits et légumes y sont tout aussi réputés. Les oignons d’Awaji sont renommés pour leur douceur et leur richesse en nutriments. Les oranges Naruto, quant à elles, possèdent une peau amère et une chair acidulée, parfaites pour la confection de confiseries et de marmelades. Chez Morikajuen, certaines oranges sont encore cueillies sur des arbres centenaires et transformées en zestes confits, un encas naturel doux-amer au parfum intense de citrus.


Jeunes pousses de nanohana (de la famille de la moutarde) blanchies. Assaisonnement de sauce soja, ail rapé, huile de sésame, grains de sésame blond et piment. Recette par Fujita Shoko (instagram: @24ban_shoko).

Méconnue du grand public, l’île d’Awaji est la destination idéale au Japon pour éviter la foule des grands centres touristiques, découvrir une facette authentique de la culture du Kansai et faire des rencontres mémorables avec ses habitants.

 

 

 

 

 

 

 

 Photos : Clotilde Noblet (@clo.issant)

Ressources

https://www.nihon-mingeikyoukai.jp/about/
https://hamashizuku.com/#section-company
https://awabiware.net/about/
https://morikajuen.com
https://awajikanko.com/onokoro_doko/#st-toc-h-6
https://www.awajishima-kanko.jp/
https://www.city.minamiawaji.hyogo.jp/soshiki/shakai/awaji-ningyojyoruri.html
https://buna.info/runningstory/5655/
https://awajishima-resort.com/aman-amazoku/